Au pied du suc
Nous avons tous été nourris de contes, gavés même, par nos grands-mères. Et nous en redemandions. Souvent les mêmes, car le frisson qu’ils nous procuraient, un peu atténué par la répétition, était d’autant plus délicieux. Nos mères-grands, nos mémés, comme nous les appelions, n’étaient pas encore de ces mamies trop jeunes qui n’ont aujourd’hui plus le temps de s’occuper de leurs petits-enfants. Ce sont elles qui ont façonné notre imaginaire et nous ont donné le goût du rêve, de l’aventure, du fantastique et de la fantaisie. L’enfant ne vit pas seulement de gâteaux.
Pourquoi écrire encore des contes alors que ceux produits par le passé sont d’une telle richesse, d’une telle variété et qu’ils continuent d’enchanter nos enfants et petits-enfants ? Je me suis posé la question mais longtemps après. Dans l’instant où je les imaginais, j’en avais grand besoin. Finalement je pense que j’ai été poussé à écrire ces contes, avant tout pour me les raconter, me faire plaisir, retrouver les joies de mon enfance. Ces textes ne sont pas spécialement destinés aux enfants, en tout cas pas aux tout petits. Mais ils peuvent intéresser ceux qui ont gardé sous leur carapace d’adulte, endurcie par la vie moderne, une âme de gosse.