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A TRAVERS LE COSMOS

 

 

L’univers n’a-t-il été créé que pour être vu ?

 

C’est un ciel étoilé qui troue l’obscurité,

En des milliards de points sur la voûte éternelle :

Quelle aiguille les perce et quelle main ? Pour quelle

Unique intention de quelle volonté ?

 

Mon regard va se perdre en cette immensité :

Il voudrait remonter le temps, chose irréelle,

Qui n’est que mouvement de l’univers, fidèle

Depuis que le big-bang au néant l’a dicté.

 

Après ce lancement, dites, pourquoi la vie ?

Et l’évolution, jour après jour, gravie,

Pour qu’homo voie cela, qu’il en soit le témoin,

 

Qu’il invente les télescopes et les sondes,

Treize milliards d’années-lumière, un peu plus loin...

LE MAUVAIS PASSAGE

 

 

Se souvenir qu’on a passé le col si la descente est périlleuse.

 

Je veux aimer ma vie jusqu’à sa conclusion,

Même s’il faut souffrir dans mon corps, dans mon âme,

Pourvu que reste allumée la petite flamme,

éclairant le chemin qui mène à l’évasion ;

 

Pourvu que seul le beau ne soit pas dérision,

Même si, jusqu’à lui, non sans raideur, je rame,

Cette fin qui paraît ne sera pas un drame

Même si je ne suis bercé que d’illusion.

 

C’est au nom du passé qu’il faut tenir la route,

La suivre vaille que vaille et coûte que coûte.

Je sais, ce sera dur mais je n’ai pas le droit

 

De déconsidérer toute une symphonie

Par un seul couac final qui fait qu’on se renie...

Que de la dignité ! Je n’ai plus d’autre foi !

 

 

QUEL GÂCHIS !

 

 

On était près de réussir, on est plus près encore de s’écrouler.

 

Qu’est-il donc devenu ce temps de l’insouciance

Où l’on cueillait des fleurs sur le bord du chemin,

Douces fleurs de la vie qu’on tenait bien en main,

Qu’on partageait avec une même assurance ?

 

La jeunesse était là : c’était elle la chance

Qu’il nous fallait saisir en vue d’un lendemain

Qui serait bien meilleur, plus tendre, plus humain,

Dont nous aurions alors l’entière jouissance.

 

le progrès s’affichait, accessible à chacun,

Dont nous pouvions déjà respirer le parfum...

Et l’on ne laisserait plus personne à la traîne.

 

Durant trois décennies, cela fonctionna bien

Mais le fric a brisé cette superbe chaîne :

De ce bel avenir, il ne reste plus rien.

 

 

 

 

 

SYMBIOSE DES ÂMES

 

Deux amants bien soudés composent un troisième être

 

Nos lèvres et nos sexes réunis

Font un circuit qui transforme nos sèves ;

C’est une nouvelle aube qui se lève

Et nos tracas sont à jamais finis.

 

Le souvenir de ce monde est banni :

Du désespoir, c’est la bulle qui crève

Et nous faisons tous deux le même rêve :

Pégase qui nous emporte a henni.

 

Puis il s’est envolé loin de la terre ,

Loin de ces champs d’horreur et de misère

Où nous avons joué, grandi, aimé...

 

Se sont fondus ensemble LUI et ELLE :

Deux en un seul, nous sommes animés

Du même élan, d’une soif éternelle.

 

 

L’INSUPPORTABLE

 

 

L’indifférence, même apparente, de Dieu, ne nous incite pas à croire.

 

Le Dieu en qui je crois ne doit pas exister :

Il n’accepterait pas la laideur de ce monde :

Le crime qui sévit et la guerre qui gronde ;

A tout détruire, il ne pourrait pas résister.

 

Le viol de ces enfants, pourrait-il l’accepter ?

Ces femmes lapidées, ces tortures immondes,

L’égoïsme sur quoi la société se fonde,

Les aurait-il admis sans s’être révolté ?

 

Le Dieu en qui je crois est amour et justice ;

Il n’accepterait pas toutes ces immondices

Que nous accumulons par nos comportements ;

 

Il n’accepterait pas l’océan de souffrance

Qui fait que plus de la moitié des existences

Connaissent ici-bas un enfer de tourments.

 

 

 

SANS AUCUN DOUTE

 

 

La plus grande des certitudes est celle de notre fin.

 

Je suis un fossile vivant

Mais pour combien de temps encore ?

Elle est si lointaine l’aurore,

Le crépuscule tout devant.

 

Bientôt, Dieu va dire : « Au suivant !

Déblayez-moi ce matamore ;

ça fait trop longtemps qu’il pérore

Qu’il écrit du vent, que du vent ! »

 

Là, j’aurai droit aux oubliettes :

J’y suis depuis belle lurette,

ça ne me fera pas trembler !

 

L’autre vie que l’on nous répète,

Qui va, dit-on, jusqu’à perpète,

A quoi peut-elle ressembler ?

 

 

 

DERNIER POUVOIR

 

 

L’âge nous amoindrit : à nous de préserver ce qui peut l’être.

 

J’ai laissé le vélo, quel merveilleux loisir !

Sentir le vent léger caresser son visage

Et faire défiler de charmants paysages...

Mais la peur de tomber fait taire le désir.

 

J’ai remisé mes skis et j’ai laissé moisir

Les souliers qui m’aidaient à gravir les alpages ;

On perd bien des moyens tandis qu’on prend de l’âge...

Jouer avec les mots est mon dernier plaisir.

 

Les trier, leur fournir une belle apparence,

Faire en sorte qu’ils soient à, la juste cadence,

M’occupe bien l’esprit, m’apporte du bonheur

 

Mais je sais qu’il faudra bientôt aussi les rendre...

En attendant, ils ont des choses à m’apprendre

Et beaucoup à donner quand ils sourdent du cœur.

 

LE TRI A FAIRE

 

 

Choisir dans tout ce que la vie propose...

 

Je étais en deuil, les mots ne viendraient pas ce soir ;

Je gardais les plus durs, renvoyais les plus tendres ;

Les actualités avec leur goût de cendres

Avaient jeté devant mes yeux un rideau noir.

 

Je pensais donc que je n’avais plus rien à voir

Avec l’amour, la joie... mon âme était à vendre

Avec ma bonne humeur et mon goût de surprendre,

Mon optimisme, lui, rangé dans un tiroir.

 

Un grand choc a laissé percer en moi le doute

Et j’ai vite compris que fausse était ma route :

Il fallait résister sans céder à la peur,

 

Que ce n’est pas en s’enfermant qu’on se délivre ;

J’ai su que l’important, c’était d’abord de vivre

Et tâcher de glaner les épis du bonheur.

 

 

DUR CONSTAT

 

 

Dans le fond, je ne fus qu’une machine à mots.

 

Je ne dors pas mais à quoi bon les retenir,

Tous ces mots voletant au clair de ma pensée ?

Est-ce sur le papier qu’ils désirent finir ?

Dans l’encre qui n’est pas souvent une avancée ?

 

Lorsque la diffusion refuse de venir,

L’écriture n’est-elle pas chose insensée ?

Je la tenais pour un remède, un élixir

Mais elle n’a jamais été la panacée.

 

Je l’ai perdu mon temps quand j’ai fait tous ces livres ;

Du précédent, c’est vrai, le suivant le délivre

Mais c’est aussi qu’il en appelle un autre encor :

 

Cela m’a rendu fou, dépendant, insomniaque...

A des travaux plus sains, il faudrait que je vaque

Mais le verbe, toujours, demeure le plus fort.

 

 

 

INDUBITABLEMENT

 

 

L’essentiel, c’est ce qu’on perd le plus facilement de vue.

 

Le plus bête à mon sens, c’est de croire pour croire,.

Comme le seul moyen de satisfaire Dieu ;

Dieu ne se montre pas, reste silencieux,

Il semble ne pas se mêler de nos histoires.

 

Nos professions de foi ne sont pas ses victoires ;

Notre comportement, nos actes, beaucoup mieux !

La justice et l’amour, seuls, comptent à ses yeux

Et nos génuflexions restent bien dérisoires.

 

Ces manifestations ne sont rien à côté

De ce qu’on fait pour l’autre et pour sa dignité,

Lui redonner confiance et lui rendre une place

 

Dans ce monde qui va sans trop savoir pourquoi,

Savoir quand, savoir où, vers quelle horrible impasse

Pour n’avoir pas voulu se plier à sa loi.

 

 

 

VIVONS VRAI !

 

 

Et pourtant l’essentiel est très simple à comprendre.

 

L’idée de l’Inconnu ne m’est pas un problème :

Le néant, l’autre vie, le solde de ses torts ?

Je savais que partir fait partie de mon sort,

Nous obéissons tous à ce vieux théorème.

 

Non ! si je suis inquiet, c’est pour tous ceux que j’aime ;

Nos enfants, désormais, vont se sentir moins forts :

Nous étions leur dernier rempart contre la mort

Et déjà d’y penser me rend fragile et blême.

 

Verlaine nous le dit : notre heure va sonner

Et la suite du temps nous passer sous le nez ;

Allons ! un peu de joie, donnons-nous à la fête,

 

Vivons jusqu’au dernier ces jours qui sont comptés ;

Cela ne sert à rien de se prendre la tête,

Profitons de l’amour et de la liberté !

 

 

DÉGRADATION DU TRAVAIL

 

 

La mauvaise pente est plus accessible que la bonne.

 

ça fait trois décennies que le travail est rare :

Quand il existe, il n’est pas à proximité ;

Souvent, par les transports, les gens sont éreintés :

C’est à la dépression que cela les prépare.

 

Et de plus en plus haut, l’on affiche la barre,

On augmente les gains de productivité ;

La menace est la cessation d’activité,

Il faut donc obéir aux cadences barbares.

 

Contre les travailleurs, on exerce une guerre

Et cette épidémie gagne toute la terre ;

On invente, de plus, la flexibilité ;

 

C’est un monde de fous que, sans s’en rendre compte,

On est entrain de faire... En toute impunité ?

la révolte, attention ! suit de très peu la honte.

 

 

LA RECONQUÊTE

 

 

Un cercle vertueux peut s’accroître lui aussi.

 

Mais il existe aussi d’intelligents patrons

Pour qui les travailleurs sont une vraie richesse ;

Ils ne les bercent pas d’illusoires promesses,

Ils ont envie que leur usine tourne rond.

 

Aux rigueurs du marché, ils savent faire front

Et à leurs employés ils font bien des largesses,

Moyennant quoi, leur petite affaire progresse :

En agissant ainsi, personne n’est marron.

 

Leur monde n’est pas fait d’esclaves et de maîtres :

Ils restent constamment attentifs au bien-être

Des ouvriers... Ainsi croissent les rendements ;

 

L’homme heureux accomplit avec amour sa tâche !

Cela fait des années que je vous le rabâche :

La société pourrait fonctionner autrement

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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